LES AUTRICHIENS
Les Autrichiens sont appelés ainsi pour faire croire qu'ils ne sont pas allemands. C'est grotesque, car les Autrichiens ne rêvent que d'être envahis par l'Allemagne dès la prochaine guerre mondiale qui ne devrait plus tarder maintenant si tout va bien et si le temps le permet.
En revanche, les Autrichiennes ne rêvent d'être envahies que par Paul Newman, alors que, si ça se trouve, « Newman », c'est même pas son vrai nom.
Comment reconnaître un Autrichien?
C'est malheureusement pratiquement impossible. En effet, l'Autrichien est méconnaissable. C'est même le seul étranger qui soit méconnaissable, c'est d'ailleurs grâce à cette particularité qu'on peut le reconnaître. Le Suisse est lourd, l'Italien est fripon, le Belge est belge, l'Espagnol est ombrageux, le Socialiste a le regard faux, mais l'Autrichien n'est rien. Dit-on : «Tiens, ce type a une gueule d'Autrichien »? Non? Bon. Tout ceci est horrible, car si tous les étrangers étaient méconnaissables, on ne pourrait même plus faire de guerre, faute de pouvoir reconnaître l'ennemi. Heureusement, l'Homme a inventé le drapeau. Le drapeau distingue l'Homme de la bête, et nous permet de reconnaître les Autrichiens.
Cependant, le méconnaissabilisme basal de l'Autrichien lui pose bien des problèmes. Par exemple, tous les enfants autrichiens sont à l'Assistance publique parce que leurs papas ne les reconnaissent jamais. Bien que méconnaissable, l'Autrichien est assez bien monté, mais je n'en dirai pas autant de Paul Newman. Je l'ai vu trois fois dans Prends-moi sur l'Exodus, merci bien.
Quand nous observons une carte géographique de l'Europe, qu'apercevons-nous, bordée au nord par la Tchécoslovaquie, à l'est par la Hongrie, au sud par l'Italie et à l'ouest, j'en sais rien? Nous apercevons quoi ? L'Autrichie dans un coin.
La capitale de l'Autrichie s'appelle Vienne. Le charme de Vienne est décadent, un peu comme les nichons de Jeanne Moreau. Des mémères emperlouzées suintantes de lipides viennent y bâfrer d'autres graisses grasses au fond des salons de thé précieux où elles posent en soufflant leur cul catastrophique qui s'aplatit en clapotant obscéniquement sur le cuir boursouflé des banquettes impériales.
Parmi les Autrichiens célèbres, on peut citer Richard Strauss, inventeur du tournis, Romy Schneider, inventeur du Zizi impératif, et Sigmund Freud, inventeur du Paranoïaque. Sans Sigmund Freud, l'Homme ne saurait pas qu'il a envie de baiser sa mère. Ce serait la fin du monde.
Très peu de gens, même des personnes cultivées au point de savoir que Beethoven a composé la Cinquième avant la Sixième, que Le Pirée est un port et que Dalida était nulle avant même de devenir socialiste, très peu, disais-je, savent que l'Autrichie est un pays neutre.
En résumé, on peut dire que les Autrichiens sont quelconques, et que, si on tournait Le Troisième Homme aujourd'hui, Orson Welles ne pourrait pas s'immiscer dans les égouts viennois. Après vingt-cinq ans, les humains commencent à mourir de plus en plus vite et leur chair est tirée vers le bas jusqu'à ce qu'on n'ait plus qu'à mettre de la terre dessus.